Indiquez le degré d'accord que vous attribuez à cette version courte de la Déclaration, dans son ensemble et/ou dans ses différentes section.

Tout a fait d'accord

Assez d'acord

A moitié

Pas d'accord

Absolument pas d'accord

Je ne sais pas

 

     

A. Introduction


L'Humanité se retrouve aujourd'hui face à une situation inacceptable de pauvreté et de destruction, accentuée par le manque de vision et d'engagement pour le bien commun de ceux qui dirigent et contrôlent les gouvernements et les organismes mondiaux.


Pour toutes ces raisons règnent la politique sans éthique, la richesse sans équité, la consommation irresponsable, la connaissance sans valeurs, le commerce sans moralité et la science sans conscience, la religion sans compassion, la technologie sans le “bien vivre” et l'information sans sagesse, le pouvoir sans limites et le développement sans vision durable, la justice sans liberté et la liberté sans justice.


La crise à laquelle nous faisons face actuellement est de caractère multiple et complexe, et elle ne se limite pas aux déséquilibres du système financier. Il y a au delà une vaste crise de légitimité des gouvernements, une crise de l'éducation et des valeurs, une crise énergétique, environnementale et démographique.


Le Consensus de Washington a échoué malgré l'application pendant 30 ans de ses préceptes néolibéraux et de sa structuration financière dérégulée. Il n'est pas parvenu à subvenir aux besoins primaires de la population mondiale et il nous a brutalement projetés dans cette crise, aggravant ainsi tous les problèmes déjà existants (comme la pauvreté et les inégalités), produisant une concentration accentuée de pouvoir et d'argent. Il a démontré être plus mobilisé à garantir les profits des grandes entreprises qu'à distribuer de manière équitable les bénéfices entre toutes les personnes.


Cette quête insatiable du profit par-dessus tout, promue par de grandes entreprises, gouvernements ou institutions, est en train de détruire la diversité culturelle et écologique qui est la base de notre espèce et de la vie sur Terre. Cette même quête du profit a violé le patrimoine culturel et le savoir des populations indigènes, exproprié des terres ancestrales et confisqué les maigres ressources des plus faibles et des laissés pour compte.


La majorité des gouvernements ne tiennent pas leurs promesses de représenter et protéger leur population et de satisfaire à ses aspirations légitimes; ils sont devenus esclaves des entreprises. Ils ont protégé des structures non-éthiques, légalisé des pratiques économiques déloyales et irresponsables, tandis qu'ils répriment et criminalisent les manifestations de citoyens qui exigent plus de justice et de transparence. La soumission des états aux “forces du marché” ne peut ni ne doit continuer à dicter le sort de notre planète.


Avec la crise, favorisée par ce consensus dominant, le nombre de personnes souffrant de la faim a encore augmenté et le futur des habitants de la planète est de plus en plus incertain. Injustice et gaspillage, asphyxie des écosystèmes, disparitions d'espèces, pollution et épuisement des ressources, délinquance et violence, sont la résultante de formes de gouvernance, de production et de commerce nocives pour la majorité de la population.


Face à l'inefficacité du Consensus de Washington à promouvoir le développement, face au non-respect des engagements pris au titre du protocole de Kyoto et au cours de divers sommets intergouvernementaux (comme celui des Objectifs du Millénaire), la société civile, les communautés et l'ensemble des habitants du monde ont la possibilité d'assumer un rôle prépondérant dans la transformation de l'ordre en vigueur ou laisser la situation empirer.


En dépit des énormes différences entre pays et classes sociales, cette situation nous affecte tous d'une manière ou d'une autre et nous sommes tous complices de ce “génocide involontaire” par action ou omission. Nous devons assumer une part de responsabilité dans cette crise mais nous avons également l'obligation et la possibilité, par nos forces créatives et par notre action, de la convertir en une formidable opportunité de profonde transformation. Nous sommes face à un défi historique : il consiste à entreprendre une refondation de la société humaine.


Au-delà des dogmes et autres doctrines idéologiques, le Consensus de Barcelone (CB) est une réponse civique collective visant à générer des accords en vue d’impulser cette transformation. Le CB est le résultat d'un processus participatif extrait de propositions formulées puis évaluées en 2010 par des hommes et femmes de toutes les régions du monde, de différentes cultures et professions. Sa synthèse finale introduit les objectifs et propositions sur le monde que nous voulons, et les différentes voies envisageables pour y parvenir.

Ce nouveau consensus prétend stimuler la réflexion, la volonté et l'action en renforçant une nouvelle communauté interculturelle transversale et ouverte, formée d'individus, groupes, associations, fédérations ... qui ont la conviction inébranlable que le moment est venu d’une grande mobilisation citoyenne pour parvenir à cette transformation. Cette communauté rejette la force coercitive des armes et de l'argent, aspire à l'émancipation des peuples, des communautés et des individus, et place l’objectif d'une vie digne pour tous, en harmonie avec la Terre, au dessus de tout autre.


Le CB doit être appréhendé comme une base de départ pour générer de nouveaux consensus plus larges sur des propositions et actions, sur de nouveaux modèles de gestion socio-économique, alimentés par les contributions et les expériences de la société civile mondiale. Nous souhaitons travailler ensemble pour créer un futur porteur de renouvellement et d'affirmation de la vie. Nous n'avons pas d’autre choix. Il est maintenant temps d'agir de manière plus collective. Pour cela nous nous engageons à avancer vers des objectifs communs.

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B. Engagement à mettre en œuvre des transitions


Notre principale motivation à proposer un consensus interculturel sur la transformation des systèmes sociaux existants, est la recherche du bien-être et le développement de l’humanité à la fois sur un plan individuel et familial mais également sur un plan communautaire et social, dans toutes les régions du monde et dans le respect absolu des cultures, des écosystèmes et des êtres vivants avec lesquels nous cohabitons sur Terre.


La priorité, celle qui doit guider toutes les décisions, est d'obtenir que 100% de la population mondiale dispose des ressources nécessaires à la couverture de ses besoins de manière durable (en commençant par les plus basiques) en partant du constat que nous évoluons dans un monde vivant et limité.


Nous ne pouvons pas vivre sereinement ni nous sentir satisfaits en sachant que toutes les personnes ne disposent pas des moyens matériels et culturels nécessaires pour vivre décemment et dignement, pour se nourrir correctement, pour s’éduquer, pour prévenir et guérir les maladies, pour se sentir respectés, pour accéder à une information pertinente, pour garantir la vie et la préservation de l'environnement aux générations futures, et pour pouvoir participer d'égal à égal aux décisions collectives...


Si nous sommes d'accord que ceci constitue notre objectif mobilisateur, nous devons planifier et nous entendre sur les transitions à mettre en œuvre pour promouvoir toutes ces valeurs, pratiques, lois et institutions qui le favoriseraient. Il est urgent de remédier à la souffrance inutile des populations et à la destruction des conditions de vie sur la planète ; les mesures doivent d’abord bénéficier aux plus pauvres et aux exclus de tous les peuples. Les ressources publiques doivent être utilisées pour protéger les personnes et l’environnement, et non pour sauver les banques et entreprises qui ont contribué à la crise et en ont profité.


Pour supprimer les obstacles et faciliter l’emploi de ressources durables, il est nécessaire d’abroger les lois et les concessions qui profitent aux plus riches, aux grandes entreprises, aux grandes exploitations et aux monocultures ; il faut stopper l'expropriation des terres appartenant aux communautés indigènes et paysannes ; il faut également mener des réformes agraires en profondeur garantissant la souveraineté alimentaire des peuples ; enfin il faut en finir avec les dépôts de brevets sur les semences comme avec les pratiques détruisant les mers...


Les conditions matérielles, comme les supports technologiques et de communication, qui permettent la réorganisation de la société à tous les niveaux, existent déjà. Tout comme les milliers de personnes et de groupes qui, par leurs actions et expériences, forment l'embryon d'une autre société. Les actions et les efforts individuels peuvent apporter de grands changements, mais ce n’est que lorsqu’ils sont articulés avec d'autres efforts qu’ils peuvent conduire à une véritable transition, se traduisant par une amélioration progressive et visible des conditions de vie, des formes de cohabitation et des liens d'intégration sociale, et donnant un nouveau sens collectif à la sphère individuelle.


L'Engagement pour un monde habitable pour tou(te)s nous invite à l’élaboration d'un nouveau contrat social entre la société civile, les gouvernements et les entreprises. Un nouveau contrat pour organiser la transition : avec des accords contraignants, dotés des ressources nécessaires et de programmes d'action bien définis, qui servent à encourager des relations locales, nationales et internationales plus justes, plus stables et plus favorables à la population mondiale et à la planète elle-même. Par conséquent:



NOUS NOUS ENGAGEONS À ENTREPRENDRE OU À PARTICIPER À

UN PLAN DE TRANSITION POUR UN MONDE HABITABLE POUR TOU(TE)S

DANS LA PROCHAINE DECENNIE.


Nous lançons un appel à chaque personne et à chaque communauté de chaque pays pour s’engager, librement et en toute conscience, à mettre en place ou à participer à un Plan de Transition à son échelle (quartier, village, organisation, secteur...) en indiquant les objectifs, les moyens et les délais nécessaires à sa réalisation.



Avec son Plan de Transition pour un monde habitable pour tou(te)s, chaque personne ou groupe de personnes exprime son niveau d'engagement, au travers d'une Plate-forme d’objectifs communs (voir annexe) et d'actions pour les mener à bien.

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C. Actions

C1. Examiner la viabilité de nos besoins et de nos actions individuelles et collectives, en évaluant si les décisions que nous prenons et les actions que nous menons servent uniquement nos propres intérêts sur une perspective de court-terme, ou si elles servent aussi:

- à produire des bénéfices partagés.

- à favoriser particulièrement les plus pauvres de nos communautés et du monde.

- à respecter les êtres vivants et les conditions de vie sur Terre.

- de manière universelle à tous les habitants de la Terre.

- à ne pas nuire aux générations futures.

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C2. Concrétiser des transitions vers un monde habitable pour tous et trouver des formes de non-coopération, dans la mesure du possible, avec tout ce(ux) qui voudrai(en)t rendre difficile leur réalisation:

  • Appuyer la refonte intégrée et la régénération de tous les processus (vitaux, productifs, technologiques, d’urbanisme, de construction, etc) pour qu’ils soient durables, équitables, équilibrés et qu’ils n’interférent pas avec la capacité inhérente de la nature à entretenir la vie.


Par conséquent, nous souhaitons ne plus coopérer –ne pas collaborer, ne pas acheter, ne pas investir, ne pas effectuer de recherches…- avec les gouvernements, banques, entreprises et universités qui promeuvent la croissance illimitée et le profit comme un objectif en soi.


  • Miser sur une économie régénérative, socialement rentable, dans laquelle l’argent soit un moyen de production et de distribution des biens et des services, et qui ambitionne la couverture durable des besoins réels de toute la population, et pas seulement d’une petite partie de privilégiés. Miser également sur une démocratisation de l'économie, des entreprises jusqu’aux décisions macro-économiques, et sur la répartition du travail et de la richesse.


Par conséquent, nous souhaitons ne plus coopérer -ne pas acheter, ne pas travailler, ne pas investir ...- avec les entreprises et les gouvernements qui considèrent l'argent comme un outil au service de leurs actionnaires ou de leurs ambitions, et qui ne démocratisent ni les organisations ni la prise de décision sur les questions collectives.


  • Agir politiquement, en tant que citoyens actifs qui participent dans tous les domaines, pour bâtir des communautés vivables, participatives, équitables, durables et pacifiques.


Par conséquent, nous souhaitons ne plus coopérer –ne pas voter, ne pas participer, ne pas obéir- avec les forces politiques et les gouvernements qui n’appuient pas cette transition urgente et qui continuent à créer des inégalités et à favoriser des activités non durables et guerrières.


  • Affirmer le droit à une information véridique et à la communication entre les personnes, et donc soutenir ou créer des médias libres et accessibles qui diffusent une information éprouvée, indépendante et pertinente à la population, ainsi que des systèmes de partage de la connaissance dont nous avons besoin pour faire face aux changements urgents.


Par conséquent, nous souhaitons ne plus coopérer –ne pas acheter, ne pas regarder, ne pas écouter…- avec les médias de communication utilisés pour manipuler et endormir la population.


  • En tant que citoyens actifs non seulement nous revendiquons les droits de l'homme et les libertés civiles contre l'Etat et contre les compagnies, mais nous exigeons leur transparence et entendons exercer un contrôle sur les deux. Nous assumons nos responsabilités, renforçons l'organisation pour exercer et faire respecter ces droits, et créons (ou renforçons) les organisations, réseaux politiques et économiques appropriés pour faire progresser une forme de gouvernance et une politique économique durables, justes et pacifiques.


Par conséquent, nous souhaitons ne plus coopérer -ne pas voter, ne pas jouer, ne pas acheter...- avec les gouvernements, les institutions intergouvernementales ou les sociétés qui violent nos droits et libertés, et qui nous refusent la répartition équitable des ressources, des profits et du pouvoir.

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C3. Participer à différents fronts du changement, en agissant sur des processus de transformation complémentaires et synergiques :


  • Pour un changement de mentalité individuel, en remettant en question et en modifiant nos comportements individuels et collectifs non viables et en facilitant la transition vers des modes et des styles de vie cohérents, sources de bonheur et d’équilibre.

  • Pour un changement de mentalité collectif, en construisant des espaces et des communautés qui permettent l’implantation sociale de ces nouvelles valeurs et pratiques viables autourd'un mode de vie cohérent.

  • Pour un changement de mentalité politique et institutionnel, en exerçant une action citoyenne constante pour modifier les institutions, les lois et leur application dans cette situation d'urgence planétaire.

Les États et les institutions internationales doivent reconquérir l'autorité, la légitimité, la confiance publique, les ressources créatives et matérielles, l'engagement et les compétences nécessaires pour atteindre ces objectifs communs, mais avec l’ensemble des citoyens et des communautés comme protagonistes des transitions.

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C4. Mettre en œuvre de manière généralisée dans toutes les relations sociales et institutions politiques la nouvelle vision et pratique de l'égalité et de l’équité entre les sexes. L'égalité des sexes et l'intégration sociale doivent être les conditions sine qua none et les fondements de toutes les relations, institutions, lois, décisions et pratiques.

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C5. Revaloriser l’action collective comme source de richesses et de solidarité qui génèrent la prospérité; rappeler les valeurs de l'initiative personnelle, de l'intelligence et de l'activité créatrice en tant que sources de l'évolution humaine.

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C6. Elaborer et participer à la définition de stratégies concrètes, que chaque personne et chaque communauté puisse mettre en œuvre, afin d’avancer vers les objectifs partagés qu’elle pense les plus réalisables ou les plus importants:

  • Convoquer des processus constituants locaux, sectoriels et mondiaux pour soutenir et entrecroiser les transitions vers des alternatives émergentes pour repenser la réalité et édicter de nouvelles règles.

  • Participer à des concertations sociales qui proposent et soutiennent des actions communes transformatrices et participer aux propositions les plus fédératrices.

  • Participer à l'élaboration, l'évaluation et l'articulation des modèles socio-économiques globaux alternatifs.

  • Proposer et mettre en œuvre d'autres stratégies pouvant avoir une incidence sur la réalisation d'un monde habitable pour tou(te)s.

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C7. Diffuser cet Engagement pour un monde habitable pour tou(te)s, pour qu’il soit ratifié par un plus grand nombre de personnes et d’organisations ; et impulser un dialogue au sein de nos communautés ou organisations, sur l’adéquation et la viabilité des propositions* pour avancer vers les objectifs communs*.

* Voir les propositions faites pour chaque objectif dans le document «Rapport sur les délibérations du Consensus de Barcelone en 2010» www.barcelonaconsensus.org (prochainement)

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General comments
it is believed that there is still some room to reduce the number of articles in this section so that readers are easier to find the core interest and commitments in this BC declaration.
Written by J.Ng at 22 / 02 / 2011
I added this between c5 and c6: Provide for the elimination of all forms of slavery and coerced labor, such that no individual shall be compelled to work in conditions that reduce their dignity, freedom of action, or other human rights.
Written by A.Bates at 31 / 03 / 2011


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